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Histoire

Un territoire pris sur la forêt

Le village de Renwez est probablement apparu à la fin du XIIe siècle, au sein du domaine de Montcornet, suite aux travaux de défrichements sur la forêt.

C’est une période de mutation, dopée par un essor démographique et économique. La forêt d’Ardenne ne présente déjà plus ses profondeurs impénétrables et cette étendue gigantesque décrite par Jules César, ou par Strabon. À Signy, à Élan, à Orval, des abbayes s’implantent, fractionnant l’antique domaine d’Arduinna.

En 1236, il est fait référence aux lois de Renwez dans une charte accordée aux habitants de Gédinne. Le village a donc rapidement bénéficié de libertés spécifiques, et d’une limitation des droits de son seigneur, de nature sans doute à stabiliser une population sur ces nouvelles terres.

Le bourg d’Onchamps, à l’est de Renwez, est également défriché à la même époque. Il deviendra une autre seigneurie, avec son église, et son moulin. Au nord de Renwez, un troisième fief s’est créé, avec un château, le château de la Motte (dont il ne reste rien).

Heurs et malheurs d’un village à la frontière du royaume de France

Un siècle plus tard, ces territoires isolées sont menacés par des troupes, telles les hordes d’Eustache D’Abrichecourt, accompagnant sur leur flan septentrional les colonnes du roi Édouard III d’Angleterre, qui chevauche à travers le royaume de France de Calais à Reims.

En 1446, cette guerre de Cent Ans touche à sa fin. Antoine de Croÿ, dit le Grand, qui a acquis la seigneurie de Montcornet vingt ans plus tôt fait remettre en état La Bergerie, un des trois moulins de Renwez. Le village redémarre après une période de récession.

En 1478, dans le conflit entre le roi de France Louis XI et Charles le Téméraire, une bande armée bourguignonne ravage et incendie le village.

Le fils d’Antoine, Philippe Ier de Croÿ fait rebâtir l’église. Les labourages des terres reprennent, les troupeaux se réinstallent, les femmes filent la laine. Un moulin de foulerie est installé au sud du village. Une fabrique de bas s’installe, qui sera renommée dans la région pendant trois siècles. L’industrie textile est l’activité industrielle prédominante de l’Ancien Régime. Discrètement, elle s’étend dans les villes et les campagnes.

Le sol de Renwez est également exploité, aussi bien l’argile de la Croix-Jarlot, les pierres d’Onchamps, les ardoises de l’Ecaillère, et le minerai de fer de la Boutillette. Ce minerai est lavé à Onchamps et emmené vers les fourneaux et forges des Mazures. Sous l’influence technique des Liégeois, des hauts-fourneaux s’installent.

Les bourgs de Maubert-Fontaine et de Rocroi se fortifient, pour constituer une première barrière contre les troupes de Charles Quint, menaçantes aux frontières. Las, le danger vient aussi de l’intérieur avec les guerres de religion. Le duc de Guise est le chef du parti catholique. Les princes de Sedan sont calvinistes, de même qu’un seigneur de Montcornet. Tueries, misères et épidémies sont lots courants jusqu’à l’édit de Nantes de 1598, qui apaise le royaume de France. Un demi-siècle plus tard, c’est la Fronde et l’alliance du Grand Condé et des Espagnols. Ceux-ci incendient Renwez en août 1653.

Les conflits reculent ensuite hors des frontières permettant au village de redémarrer.

Révolutions politiques et révolution industrielle

En 1789, l’assemblée des États généraux est convoquée à Versailles. C’est le début de la Révolution française.

À Renwez, les événements parisiens se répercutent, sans violence. La commune devient chef-lieu de canton, dans le département des Ardennes. Le curé de la paroisse quitte officiellement ses fonctions fin novembre 1791, n’ayant point adhéré à la constitution civile du clergé. Il sera ultérieurement arrêté et emprisonné à la chartreuse du Mont-Dieu, transformée en prison. Les biens du clergé sont vendus comme biens nationaux. L’état-civil se substitue au registre paroissial.

Des levées en masse sont effectuées pour renforcer l’armée. Une garde nationale est constituée dans le village. Le 29 septembre 1800, elle est mise à contribution pour fouiller les bois à la recherche de prisonniers de guerre évadés de Rocroi. En 1814 puis en 1815, la commune est de nouveau envahie. En 1815, sous prétexte d’armes trouvées chez l’habitant, le maire est pris en otage et la commune doit payer une rançon. Un médecin militaire prussien se fixe dans un village plus au sud, Clavy-Warby, par amour pour une ardennaise, s’y marie et s’y établit comme chirurgien. Un de ses fils, médecin comme lui, Charles Théophile Speckhahn, deviendra maire de Renwez.

Après ce nouvel épisode militaire, la vie reprend. De nombreuses activités s’implantent à Renwez : des brosseries (fabricant des brosses à polytric puis à chiendent qui comptent entre cinquante et cent ouvriers), des cloutiers, une filature puis deux (les filatures Poncelet et Mozet), une brasserie, un fabricant de chicorée, des fabricants de chaises, et une tourbière (exploitant la tourbe de la vallée des Aulnes). L’ardoisière de l’Écaillère rouvre en 1822, puis referme quelques années plus tard, sa rentabilité étant insuffisante. La fabrique de bas s’arrête victime de l’industrie anglaise textile. Autre évolution majeure, dans l’agriculture, la charrue brabant double est introduite. Cinq foires aux bestiaux se tiennent annuellement. L’exploitation de la forêt reste également une activité importante. En mars 1835, le conseil municipal de Renwez délibère d’ailleurs sur l’écobuage ou l’essartage et se déclare favorable au maintien de cette pratique ancestrale.

Une poste de distribution des lettres est créée ainsi qu’un corps de pompiers. Le premier train s’arrête à Renwez en 1869.

En 1848, la République est de nouveau proclamée à Paris. Quelques mois plus tard, les députés sont élus au suffrage universel (par les hommes uniquement) avec un bureau de vote par canton, les électeurs se présentant commune par commune et pendant deux jours : les électeurs de Renwez votent le 19 avril de 7h à 9h, les électeurs de Saint-Marcel de 9h à 10h, etc. Après cette Deuxième République éphémère, lui succède le Second Empire qui s’écroule en 1870, avec la guerre franco-prussienne.

C’est la Troisième République, le démarrage de nouvelles activités industrielles avec la fonderie L’Union à partir de 1877 et la fonderie Prélat créée vers 1885, le passage à Renwez du chansonnier et militant Jean-Baptiste Clément, l’émergence de syndicats, la laïcisation des écoles, la création d’une harmonie municipale, le développement de clubs de sports, et l’introduction d’un nouveau moyen de locomotion appelé à devenir populaire, le vélo.

Suivront les deux conflits mondiaux de 1914-1918 et de 1939-1945, des guerres marquées par une occupation allemande de quatre ans chaque fois, et par des hécatombes dans les générations concernées. Entre les deux guerres, l’eau courante a été installée, et les travaux agricoles ou forestiers se sont de plus en plus motorisés.

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